La Dysplasie

Pour comprendre ce qu’est une dysplasie, il faut comprendre comment fonctionne une articulation. Une articulation se compose de deux os qui sont reliés l’un à l’autre de façon à leur permettre certains mouvements et à en interdire d’autres. Pour que cela soit possible, les deux parties de ces os qui sont en contact, appelées surfaces articulaires, ont des formes qui se correspondent. Un peu comme une chaussure correspond à un pied.

La dysplasie est une incongruence de deux surfaces articulaires. Autrement dit, un élément de l’articulation a été modifié, ce qui a changé sa forme et donc son fonctionnement : la chaussure est trop grande pour le pied. Prenons par exemple une dysplasie de la hanche. Pour faire simple, cette articulation relie l’os de la cuisse, le fémur, au bassin. Le bassin présente ce qu’on appelle un acétabulum, c’est à dire un creux dans lequel vient se poser une protubérance du fémur. Un ligament puissant relie le fond de ce creux à la partie du fémur qui s’y loge (les lacets de la chaussure). C’est par ce système que le bassin est suspendu et stabilisé au-dessus des postérieurs. On parle de dysplasie si le creux est trop plat et ne retient pas suffisamment le fémur (voir le schéma).

La serrure est trop grande pour la clef, donc l’articulation est instable. En conséquence, la locomotion du chien est perturbée, puisqu’il ne peut plus s’appuyer normalement sur son postérieur. Vous avez surement déjà vu ces chiens dont une patte arrière semble « flotter » quand il marche, pas du tout tenue? C’est la conséquence d’une dysplasie de la hanche. Pour certains la dysplasie concerne le coude, donc la patte avant.

 

Maintenant que vous savez ce que c’est, quels problèmes une dysplasie pose-t-elle au chien?

 Le premier problème que pause cette  articulation instable est la difficulté que le chien a à se déplacer. Comme il ne peut pas s’appuyer complètement sur un de ses membres, il doit sans cesse compenser avec les trois autres.

Avez-vous déjà marché sans béquille avec une cheville foulée par exemple? L’autre jambe compense et vous finissez par avoir mal au pied, au genou, à la hanche puis au bassin. Et au dos bien sûr. Et bien un chien dysplasique se trouve dans cette situation toute sa vie! Vous comprenez donc pourquoi il ne peut guère fournir d’effort physique et n’a que peu d’endurance.

 Si vous pouviez y regarder d’un peu plus près, vous verriez qu’une articulation instable est le siège de beaucoup de frottements qui vont l’user prématurément. De la même façon que votre pied dans une chaussure trop grande s’irrite et vous donne des ampoules. Comment appelle-t-on l’usure d’une articulation? Il s’agit d’arthrose! Oui, mauvaise nouvelle. Car quand une articulation s’use, c’est le cartilage qui la protège qui s’use. Or le cartilage est un des seuls tissus du corps qui ne se régénère pas. Ce qui veut dire qu’on ne guérit pas l’arthrose. On peut juste aider le chien au maximum dès la découverte de la dysplasie pour que l’articulation s’use le moins vite possible. Savez-vous comment l’aider?

Avant tout, il faut établir un diagnostique précis. La dysplasie est diagnostiquée par le vétérinaire qui, en fonction de sa gravité, peut ou non effectuer une intervention pour rétablir le bon fonctionnement de l’articulation. Si la dysplasie est à un stade peu avancé et que le chien est jeune, une opération ne sera pas nécessaire. Le vétérinaire conseillera la mise en place d’un « traitement conservatif », c’est à dire la mise en place de règles de vie et d’un programme d’exercices et de physiothérapie permettant d’éviter que le problème ne s’aggrave.

 

Si elle est prononcée et donc vraiment handicapante pour le chien, le vétérinaire pourra proposer la pose d’une prothèse ou bien un remaniement osseux, c’est à dire une opération par laquelle il changera la forme de l’os pour rendre l’articulation plus stable. Si le chien est trop âgé, aucune opération ne sera envisagée car il risquerait de ne pas y survivre et parce que même si tout se passe bien, la rééducation serait très longue et douloureuse. Et si le chien est trop lourd, le vétérinaire ne pourra rien faire non plus car les matériaux de substitution risqueraient de ne pas tenir. Si une prothèse doit être posée, elle ne doit pas non plus l’être trop tôt, car ses composants ont une durée de vie limitée. Il est donc très important que la dysplasie soit diagnostiquée tôt et que son évolution soit suivie régulièrement par un vétérinaire. Mais si votre chien souffre de dysplasie, le faire suivre par un vétérinaire n’est pas votre seule responsabilité!

Il y a deux autres choses qu’il vous appartient de surveiller.

1) D’abord, son poids! Et oui, comme pour nous, tout excès de poids surcharge les articulations. Ce n’est déjà pas une bonne chose que votre chien soit rond s’il a des articulations en bonne santé alors si l’une d’elles ne tient pas, vous imaginez bien que plus il a de poids à porter plus vite sa hanche ou son coude s’abîme et plus il a de difficultés à compenser. C’est pourquoi il faut surveiller son alimentation encore plus que pour un autre chien! Veillez à adapter sa ration à son poids, à sa race et à son activité, et éviter les friandises.

Faites attention à ce que son alimentation ne soit pas trop riche et surtout en protéines, notamment si c’est un jeune chien. En effet, toutes les gammes d’aliments nous proposent une gamme junior très grasse et protéinée pour les jeunes en croissance. Or, des études récentes ont montré que cette surcharge en protéines pouvait perturber le développement ostéo-articulaire. Le chiot grandit trop vite et ses articulations ne sont pas assez fortes pour supporter son poids. De plus, si le chien consomme trop de protéines, elles n’ont pas toutes le temps d’être digérées dans l’estomac et l’intestin grêle. Arrivées dans le colon, elles forment des gaz qui occasionnent des douleurs abdominales et des flatulences nauséabondes. Les tensions viscérales ainsi provoquées entraînent des tensions ligamentaires au niveau du grasset par exemple (le genou) et déséquilibrent toute l’arrière main. Pour ne pas avoir mal, le chien voûte son dos et modifie sa locomotion. Commencez donc par réduire la dose de protéines de la ration de votre chien. Vous pouvez le faire simplement en remplaçant un tiers de sa ration quotidienne par des haricots verts. D’ailleurs c’est valable pour tous les chiens, même s’ils n’ont aucun problème de santé. Plutôt que de lui donner de grandes quantités de nourriture ou une nourriture trop riche, préférez veiller à la qualité de son alimentation et complémentez-le en oligo-éléments et vitamines. Pour protéger ses articulations, vous pouvez aussi lui donner des cures de silicium organique.

2)La deuxième chose à surveiller est l’exercice qu’il fait. En effet, si votre chien souffre de dysplasie, il ne doit pas trop courir, ni faire de trop longues promenades ou se livrer à des exercices de saut ou à des jeux trop brutaux avec d’autres chiens ou avec vous. Ça ne veut pas dire qu’il ne doit pas bouger, attention! Un minimum d’exercice est nécessaire car la seule chose qui va tenir une articulation lâche ce seront les muscles qui l’entourent et qui la mettent en mouvement. Alors comment faire pour muscler votre chien sans imposer trop de contraintes à son articulation défaillante? Et bien comme en médecine humaine : faites lui faire de la natation! La nage est la meilleure activité pour les animaux qui souffrent d’un problème musculaire, tendineux ou articulaire. Pourquoi? Parce que lorsque votre chien est dans l’eau, tout son poids est porté par l’eau et non plus par ses articulations. Il se muscle donc sans se faire mal! Vous habitez à la mer ou à la campagne? Super, vous n’avez qu’à trouver une plage ou une petite rivière où vous pourrez emmener votre chien régulièrement. Vous habitez en ville? Alors trouvez un endroit où vous pourrez poser une piscine pour enfants assez grande pour que votre chien puisse nager : votre jardin, celui d’un ami, un coin du parc d’agility ou d’éducation canine de votre ville… Faites preuve d’imagination! Est-ce que la santé de votre chien n’en vaut pas la chandelle?

  Il vous faut aussi bien penser que votre chien ne devra jamais se reproduire. Premièrement parce que la dysplasie a des facteurs héréditaires et risque donc d’être transmise aux petits. Vous ne leur souhaiteriez pas cela n’est-ce pas? Ensuite, s’il s’agit d’une chienne, parce que le poids des petits dans son ventre serait une trop grosse charge pour sa hanche ou son coude.

 Et pour que votre chien vieillisse le mieux possible, montrez le régulièrement à un ostéopathe. Il ne peut bien sûr pas le « guérir », mais il peut l’aider à mieux vivre avec ce handicap. Comment? D’abord, lors d’une première séance, en rétablissant l’équilibre du bassin et de la colonne de votre chien, ce qui peut déjà beaucoup diminuer le problème. Ensuite, en soulageant ses douleurs et en maintenant la liberté et la souplesse des autres parties du corps qui doivent compenser le problème de mobilité. C’est important car cela permet à votre chien de repartir à zéro dans son système de compensation, avec un corps régénéré et de nouveau prêt à travailler. Le chien conserve ainsi beaucoup de confort. Et ce n’est pas le seul avantage. En effet, toutes ces tensions musculaires et blocages articulaires, notamment vertébraux, finissent par comprimer nerfs et vaisseaux sanguins. L’innervation et l’irrigation de l’avant main ou de l’arrière main du chien sont alors perturbées, ce qui signifie qu’elles bougent et se musclent moins efficacement. Ce qui veut dire que les zones endommagées guérissent moins vite et que les tensions s’installent plus rapidement. C’est un cercle vicieux que l’ostéopathe peut briser.

Enfin, il va mobiliser l’articulation souffrante, et donc faire circuler le liquide synovial afin qu’il se régénère et nourrisse les cartilages. Car, comme je l’explique dans l’article sur l’arthrose, le cartilage n’est pas irrigué mais il est nourri par le liquide synovial. Or, quand une articulation est douloureuse, le corps installe des contractures qui bloquent cette articulation afin de limiter la douleur. Dans ce cas, puisque l’articulation ne bouge plus ou plus assez, le liquide synovial ne circule plus dans la cavité articulaire et ne nourrit plus le cartilage. C’est pourquoi il est indispensable de mobiliser régulièrement et efficacement l’articulation où se situe la dysplasie.  Et pour soutenir ce travail je vous encourage vivement à apprendre à masser et étirer votre chien vous même. En le faisant régulièrement vous ferez beaucoup de bien à votre compagnon!

 Si une opération est effectuée, avec par exemple pose d’une prothèse, l’ostéopathe peut aider à la rééducation, une fois la cicatrisation terminée. Il soulage la douleur, travaille la cicatrice, réintègre le membre dans le fonctionnement global du corps, aide à la reprise musculaire. Tout cela est rarement pris en charge par le vétérinaire, alors n’hésitez pas à vous renseigner ailleurs!

 

Il existe depuis peu une nouvelle intervention très peu invasive : la symphysiodèse

La symphysiodèse est une intervention chirurgicale très peu invasive permettant un traitement précoce et préventif de la dysplasie de hanche avant le développement d’anomalies et d’arthrose irréversibles de l’articulation.

Elle consiste à bloquer la croissance d’une partie du bassin (ferme la plaque de croissance pubienne) chez le chiot par coagulation électrique contrôlée, entraînant une fusion des deux parties du pubis (soudure des deux demi-bassins).

La croissance du reste du bassin se fait totalement normalement, modifiant juste légèrement la couverture articulaire de l’articulation de la hanche. Elle est réservée aux chiens susceptibles de développer dans le futur une dysplasie de hanche et nécessite un diagnostic précoce et adapté.

Quels sont les chiens concernés par une symphysiodèse ?

La symphysiodèse peut raisonnablement être effectuée chez les chiens âgés de douze à vingt semaines (de préférence avant seize semaines), suspects de développer à l’avenir une dysplasie de hanche. Un dépistage le plus précoce possible de la dysplasie est extrêmement important pour que l’animal puisse bénéficier de toutes les options thérapeutiques, et ainsi prévenir les anomalies physiques qui pourraient découler de cette affection. La symphysiodèse repose sur le potentiel de croissance de l’animal.

J’espère que cet article vous a aidé(e) à mieux comprendre la dysplasie et vous a fourni les renseignements dont vous aviez besoin sur la meilleure façon d’aider votre chien à vivre avec.

 Source : Mme Souquet Laure et CHV Fregis